24.

 

Ralenti par les ascenseurs du Criminal Courts Building, j'avais quatre minutes de retard lorsque j'entrai dans la salle d'audience du juge Holder et me dépêchai de traverser le bureau de son assistante pour gagner le couloir conduisant à son cabinet. Je ne vis personne et la porte était fermée. Je frappai doucement et entendis le juge me dire d'entrer.

Elle était assise derrière son bureau et portait sa robe noire.

Cela me dit qu'elle devait avoir une audience dans pas longtemps et que je sois en retard n'était pas une bonne chose.

– Maître Haller, notre rendez-vous était pour 10 heures. Il me semble qu'on vous en avait correctement informé.

– Oui, madame le juge, je sais. Je suis désolé. Les ascenseurs de ce bâti...

– Tous les avocats se servent des mêmes et la plupart de vos collègues me font l'effet d'être à l'heure quand ils ont rendez-vous avec moi.

– Oui, madame le juge.

– Avez-vous votre carnet de chèques ?

– Je crois, oui.

– Bien, nous avons le choix entre deux façons de procéder. Ou bien je vous colle une amende pour outrage à magistrat et vous laisse vous expliquer avec le barreau de Californie, ou bien on fait ça à la bonne franquette et vous sortez votre carnet de chèques pour faire un don à la fondation Make A Wish[17]. C'est un de mes organismes de charité préférés. Ils font de bonnes choses pour les enfants malades.

Incroyable. Je me retrouvais avec une amende pour quatre minutes de retard. L'arrogance de certains juges a de quoi étonner.

Dieu sait comment, je réussis à ravaler mon indignation et repris la parole.

– J'aime bien l'idée d'aider des enfants malades, dis-je. Je leur fais un chèque de combien, madame le juge ?

– Ce que vous voulez. Et je me donnerai même la peine de l'envoyer à votre place.

Elle me montra une pile de papiers du côté gauche de son bureau. J'y vis deux autres chèques, très vraisemblablement signés par deux autres pauvres pommes qui comme moi s'étaient mis à dos madame le juge pendant la semaine. Je me penchai en avant et cherchai mon carnet de chèques dans la poche de devant de mon sac à dos. Puis je rédigeai un chèque de deux cent cinquante dollars à la fondation Make A Wish, le détachai et le tendis au juge Holder par-dessus la table. Et la regardai étudier le montant de mon don. Elle approuva d'un signe de tête et je sus que tout allait bien.

– Merci, maître Haller, dit-elle. Ils vous enverront un reçu pour les impôts. Il vous sera expédié à l'adresse indiquée sur le chèque.

– Comme vous l'avez dit, madame le juge, ils font du bon boulot.

– Oui, absolument.

Elle posa mon chèque sur les deux autres et concentra enfin son attention sur moi.

– Bien, dit-elle, avant de passer à vos dossiers, permettez que je vous pose une question. Savez-vous si la police avance dans son enquête sur la mort de maître Vincent ?

J'hésitai un instant et me demandai ce que je devais dire à la doyenne de la Cour supérieure.

– Je ne suis pas vraiment dans le coup pour ça, madame le juge. Mais on m'a montré la photo d'un type en qui les flics voient un suspect possible, enfin, je pense.

– Vraiment ? Quel genre de photo ?

– De caméra de surveillance dans la rue. Le type semble avoir une arme. Je crois que côté timing, les flics ont fait le lien avec la fusillade dans le garage.

 

– Avez-vous reconnu cet homme ?

– Non, dis-je en hochant la tête, le cliché a trop de grain. Et, en plus, on dirait bien que le bonhomme porte un déguisement.

– Ça date de quand ?

– Du soir de la fusillade.

– Non, je voulais dire : quand est-ce qu'on vous a montré cette photo ?

– Ce matin même, madame le juge. L'inspecteur Bosch est passé au cabinet avec.

Elle hocha la tête. Nous gardâmes le silence un instant, puis elle en vint au sujet de la réunion.

– Bien, maître Haller, dit-elle. Et si on parlait clients et affaires ?

– Oui, madame le juge.

Je tendis la main, ouvris la fermeture Éclair de mon sac et sortis le planning que Lorna m'avait préparé.

Le juge Holder me garda une heure dans son cabinet, le temps que je lui parle de toutes les affaires et de tous mes clients, que je lui précise où on en était dans chaque dossier et lui rapporte les conversations que j'avais eues avec chacun de mes nouveaux clients. Lorsqu’enfin elle me laissa filer, j'étais en retard pour mon rendez-vous avec le juge Stanton.

Je quittai le cabinet d'Holder et ne me donnai pas la peine d'attendre l'ascenseur. Je pris l'escalier de secours et en descendis deux volées de marches à toute allure pour rejoindre le cabinet du juge Stanton. J'avais huit minutes de retard et me demandai si ça n'allait pas me coûter un autre don à un autre organisme préféré du juge.

La salle d'audience était vide, mais l'assistante du juge était à son poste. Du bout de son stylo, elle me montra la porte ouverte du couloir qui conduisait au cabinet du juge.

– Ils vous attendent, dit-elle.

Je passai vite devant elle et enfilai le couloir. La porte du cabinet était ouverte et je vis le juge assis à son bureau. À sa gauche une sténo, en face de lui trois fauteuils. Walter était assis sur celui de droite, le fauteuil du milieu était vide et le procureur Jeffrey Golantz occupait le troisième. Je ne l'avais jamais rencontré, mais je le reconnus sans problème : j'avais déjà vu son visage à la télé et dans les journaux. Les années précédentes il avait travaillé sur plusieurs affaires retentissantes et commençait à se faire un nom. Étoile montante du bureau du district attorney, il était le procureur qui n'a jamais perdu un procès.

Et j'adorais m'attaquer à ce genre de procureurs : leur excès de confiance en soi les trahissait souvent.

– Désolé d'être en retard, monsieur le juge, dis-je en me glissant dans le fauteuil vide. Le juge Holder m'avait convoqué et elle a pris plus de temps que prévu.

J'espérais qu'imputer la raison de mon retard à sa collègue empêcherait Stanton de s'attaquer encore une fois à mon carnet de chèques et cela parut marcher.

– Passons tout de suite à ce qu'il convient de consigner au dossier, dit-il.

La sténo se pencha en avant et posa les doigts au-dessus des touches de sa machine.

– Dans l'affaire État de Californie contre Walter Elliot... nous sommes aujourd'hui en notre cabinet pour une conférence d'état de la procédure. Sont présents l'accusé, maître Golantz pour le district attorney et maître Haller en lieu et place de feu maître Vincent pour la défense.

Arrivé là, il dut marquer une pause pour donner l'orthographe correcte de tous ces noms à la sténo. Il parlait de la voix pleine d'autorité que procurent souvent dix ans de pratique à l'homme de loi. Bien de sa personne, le juge Stanton avait encore une belle crinière de cheveux gris. Il était en bonne forme, sa robe noire ne faisant pas grand-chose pour dissimuler ses épaules et sa poitrine bien développées.

– Bien, reprit-il, l'affaire requiert que nous procédions à la sélection des jurés dès jeudi prochain, soit dans une semaine, et je remarque, maître Haller, que vous n'avez pas sollicité d'ajournement pour vous permettre d'être parfaitement au courant de l'affaire.

– Nous ne voulons pas ajourner, dit Elliot.

Je tendis le bras, posai la main sur l'avant-bras de mon client et hochai la tête.

– Monsieur Elliot, dit le juge, j'entends qu'en cette audience vous laissiez parler votre avocat. Je vous prie de m'excuser, monsieur le juge, enchaînai-je, mais le message est le même qu'il sorte de ma bouche ou de celle de Monsieur Elliot. Nous ne voulons pas ajourner. J'ai passé toute ma semaine à me mettre au courant de l'affaire et je serai prêt pour la sélection des jurés jeudi prochain.

Le juge me jeta un coup d'oeil.

– Vous êtes sûr, maître Haller ?

– Absolument. Maître Vincent était un bon avocat qui tenait bien ses dossiers. Je comprends la stratégie qu'il avait élaborée et je serai prêt à y aller jeudi. L'affaire a toute mon attention. Et celle de toute mon équipe.

Le juge se renversa dans son fauteuil à haut dossier et hocha la tête de droite et de gauche en réfléchissant. Et finit par regarder Elliot.

– Monsieur Elliot, dit-il, tout compte fait, il s'avère que c'est à vous de parler. Je veux vous entendre me dire que vous êtes parfaitement d'accord avec votre nouvel avocat et que vous comprenez le risque que vous courez en prenant un nouveau défenseur si près du début du procès. C'est votre liberté qui est en jeu, monsieur.

Dites-moi ce que vous avez à en dire, je vous écoute.

Elliot se pencha en avant et parla sur le ton du défi.

– Monsieur le juge, dit-il, et d'un, je suis complètement d'accord avec mon avocat. Je veux porter cette affaire devant la cour de façon à pouvoir enfoncer le procureur. Je suis un innocent qu'on persécute et poursuit pour des actes qu'il n'a pas commis. Je ne veux pas vivre une seule journée de plus comme accusé. J'aimais ma femme et la regretterai toujours. Je ne l'ai pas tuée et cela m'arrache le cœur d'entendre des gens dire toutes sortes de choses horribles sur moi à la télé. Mais ce qui me blesse le plus est de savoir que le véritable assassin est en liberté quelque part. Plus vite maître Haller pourra prouver mon innocence au monde entier, mieux ça ira.

Du OJ. Simpson de base que tout ça, mais le juge étudia Elliot, hocha la tête d'un air pensif, puis se tourna vers le procureur.

– Maître Golantz ? Quelle est l'opinion du district attorney sur tout cela ?

L'adjoint du district attorney s'éclaircit la gorge. Le mot qui s'imposait pour le décrire ? Télégénique. Beau et la peau foncée, il avait un regard qui semblait porter toute l'ire de la justice en lui.

– Monsieur le juge, dit-il, le district attorney est prêt à aller au procès et ne voit aucune objection à ce que celui-ci se déroule à la date prévue. Mais j'aimerais entendre Monsieur Elliot me dire qu'il est tellement sûr de refuser tout ajournement qu'il renonce dès aujourd'hui à faire appel de cette décision si jamais les choses ne tournaient pas en sa faveur comme il le prédit.

Le juge fit pivoter son fauteuil pour concentrer à nouveau son attention sur moi.

– Qu'en dites-vous, maître Haller ?

– Monsieur le juge, je ne crois pas nécessaire que mon client renonce à toutes les protections que la loi...

– Moi, ça m'est égal ! lança Elliot en me coupant la parole. Je renonce à tout ce que vous voudrez, nom de Dieu ! Ce procès, je le veux !

Je lui jetai un vif coup d'oeil. Il me regarda et haussa les épaules.

– Parce que ce truc, nous allons le gagner, ajouta-t-il.

– Vous désirez passer dans le couloir quelques instants, maître Haller ? me demanda Stanton.

– Merci, monsieur le juge.

Je me levai et fis signe à Elliot d'en faire autant.

– Suivez-moi, lui dis-je.

Nous passâmes dans le petit couloir qui conduisait à la salle d'audience. Je refermai la porte derrière nous. Elliot parla avant même que je puisse ouvrir la bouche, ce qui ne fit que souligner le problème.

– Écoutez, je veux en finir avec ça et je...

– La ferme ! lui lançai-je en me forçant à chuchoter.

– Quoi ?

– Vous m'avez entendu. Fermez votre gueule ! Vous comprenez ? Je suis sûr que vous êtes habitué à parler quand vous voulez et à ce que tout le monde boive vos brillantes paroles.

Mais vous n'êtes plus à Hollywood, Walter. Vous n'êtes pas en train de faire un film de pure fiction avec le dernier petit nabab à la mode. Est-ce que vous comprenez ce que je suis en train de vous dire ? Ici, c'est dans la réalité qu'on est. Ici, vous ne parlez pas à moins qu'on ne vous adresse la parole. Si vous avez quelque chose de contraire à dire, vous me le chuchotez à l'oreille et si je pense que ça vaut la peine de le répéter, c'est moi, et pas vous, qui le communique au juge. Vous saisissez ?

Il mit longtemps à répondre. Son visage s'assombrissant fortement, je sentis que j'étais sur le point de perdre l'affaire du siècle.

Mais sur le coup, ça m'était égal. Ce que je venais de dire, il fallait le dire. C'était là un petit speech pour le ramener à ma réalité et il y avait longtemps que j'aurais dû le prononcer.

– Oui, dit-il enfin, je saisis.

– Bien, alors ne l'oubliez pas. Et maintenant on retourne là-bas et on voit si on peut éviter de renoncer au droit de faire appel si jamais vous êtes condamné parce que j'aurai merdé à cause de mon impréparation.

– Ce qui ne se produira pas. J'ai foi en vous.

– J'apprécie, Walter. Mais la vérité est que vous n'avez rien sur quoi fonder cette foi en moi. Et que vous ayez quelque chose ou pas pour le faire ne signifie pas que nous devions renoncer à quoi que ce soit. Donc, on entre dans la salle et on me laisse causer, moi. Parce que c'est bien pour ça que vous me filez tout ce pognon, pas vrai ?

Et je lui flanquai une claque sur l'épaule. Nous entrâmes et nous assîmes. Et Walter n'en lâcha plus une. Je remontrai au juge qu'Elliot ne devait pas avoir à renoncer à son droit de faire appel simplement parce qu'il voulait vite aller au procès auquel il avait droit. Mais le juge Stanton se rangea à l'avis de Golantz et arrêta que s'il déclinait l'offre qui lui était faite d'ajourner le procès, Elliot ne pourrait pas venir se plaindre après sa condamnation que son avocat n'avait pas eu assez de temps pour se préparer.

Confronté à cet arrêt, Elliot resta sur ses positions et, comme je savais qu'il le ferait, refusa le délai qu'on lui proposait. Ça ne me posait pas de problème. Vu le caractère byzantin des lois et règlements, presque rien n'est à l'abri d'un appel. Je savais que si c'était nécessaire, Elliot pourrait quand même faire appel de la décision du juge.

Après ça, nous passâmes à ce que le juge qualifia de « petit ménage ». Premier point à régler : que les deux parties autorisent par écrit Court TV à retransmettre en direct des moments du procès dans ses émissions quotidiennes. Ni Golantz ni moi n'y trouvâmes à redire. Après tout, c'était de la publicité gratuite – moi pour mes nouveaux clients et Golantz pour ses aspirations politiques. Quant à Elliot... il me chuchota qu'il voulait les caméras dans la salle d'audience pour enregistrer son verdict d'acquittement.

Le juge rappela ensuite les dates butoir de remise des dossiers d'enquête et des listes de témoins aux parties adverses. Il nous donna jusqu'au lundi suivant pour les dossiers d'enquête et nous informa que les listes de témoins devraient être rendues le lendemain.

– Et je n'accepterai aucune exception, dit-il. Je vois d'un très mauvais oeil tout ce qu'on veut ajouter après la date butoir.

Cela n'allait pas poser de problèmes à la défense. Vincent avait déjà soumis deux dossiers d'enquêtes et je n'avais pas grand-chose de neuf à partager avec le procureur. Cisco Wojciechowski me tenait parfaitement dans le noir pour tout ce qu'il apprenait sur Rilz. Et ce que je ne savais pas, je ne pouvais évidemment pas le verser au dossier d'enquête[18].

Côté témoin, je prévoyais d'infliger le petit tour de manège habituel à Golantz. J'allais lui soumettre une liste où tous les membres des forces de l'ordre et techniciens de labo mentionnés dans les rapports du shérif seraient déclarés témoins potentiels.

Procédure habituelle et rien d'autre. Golantz aurait donc à se perdre en conjectures sur les gens que je citerais réellement à comparaître et sur ceux qui avaient de l'importance pour la défense.

– Bon, messieurs, dit enfin le juge, je dois avoir une salle d'audience pleine d'avocats qui m'attendent. Tout est clair pour tout le monde ?

Golantz et moi acquiesçâmes d'un même hochement de tête.

Je ne pus m'empêcher de me demander si c'était le juge ou le procureur qui avait reçu le pot-de-vin. Étais-je donc assis sans le savoir avec celui-là même qui allait faire évoluer le procès en faveur de mon client ? Si tel était le cas, on n'avait rien fait pour se trahir. Arrivé à la fin de cette réunion, je me dis que Bosch avait tout faux. Il n'y avait pas eu corruption. Il y avait un bateau de cent mille dollars ancré dans un port quelque part du côté de San Diego ou de Cabo et c'était le nom de Jerry Vincent qui figurait sur le titre de propriété.

– Bien, reprit le juge. On lance ce truc la semaine prochaine.

On pourra parler des règles à respecter en audience jeudi matin.

Cela dit, je veux qu'il soit bien clair pour tout le monde que j'entends mener ce procès comme une machine bien huilée. Ni coups de théâtre ni entourloupettes et autres bêtises de ce genre.

Je le répète donc : sommes-nous bien clairs sur ce point ?

Golantz et moi lui dîmes encore une fois que tout était clair.

Mais le juge fit pivoter son fauteuil et me regarda droit dans les yeux. Et fronça les sourcils : on en doutait.

– Et l'on tient parole, me lança-t-il.

Le message semblait ne s'adresser qu'à moi et ne pas devoir figurer dans les minutes de la sténographe.

Comment se fait-il que ce soit toujours l'avocat de la défense qui ait droit aux froncements de sourcils de l'appareil judiciaire ? me demandai-je.

Le Verdict du Plomb
titlepage.xhtml
Michael Connelly_split_000.htm
Michael Connelly_split_001.htm
Michael Connelly_split_002.htm
Michael Connelly_split_003.htm
Michael Connelly_split_004.htm
Michael Connelly_split_005.htm
Michael Connelly_split_006.htm
Michael Connelly_split_007.htm
Michael Connelly_split_008.htm
Michael Connelly_split_009.htm
Michael Connelly_split_010.htm
Michael Connelly_split_011.htm
Michael Connelly_split_012.htm
Michael Connelly_split_013.htm
Michael Connelly_split_014.htm
Michael Connelly_split_015.htm
Michael Connelly_split_016.htm
Michael Connelly_split_017.htm
Michael Connelly_split_018.htm
Michael Connelly_split_019.htm
Michael Connelly_split_020.htm
Michael Connelly_split_021.htm
Michael Connelly_split_022.htm
Michael Connelly_split_023.htm
Michael Connelly_split_024.htm
Michael Connelly_split_025.htm
Michael Connelly_split_026.htm
Michael Connelly_split_027.htm
Michael Connelly_split_028.htm
Michael Connelly_split_029.htm
Michael Connelly_split_030.htm
Michael Connelly_split_031.htm
Michael Connelly_split_032.htm
Michael Connelly_split_033.htm
Michael Connelly_split_034.htm
Michael Connelly_split_035.htm
Michael Connelly_split_036.htm
Michael Connelly_split_037.htm
Michael Connelly_split_038.htm
Michael Connelly_split_039.htm
Michael Connelly_split_040.htm
Michael Connelly_split_041.htm
Michael Connelly_split_042.htm
Michael Connelly_split_043.htm
Michael Connelly_split_044.htm
Michael Connelly_split_045.htm
Michael Connelly_split_046.htm
Michael Connelly_split_047.htm
Michael Connelly_split_048.htm
Michael Connelly_split_049.htm
Michael Connelly_split_050.htm
Michael Connelly_split_051.htm
Michael Connelly_split_052.htm
Michael Connelly_split_053.htm
Michael Connelly_split_054.htm
Michael Connelly_split_055.htm
Michael Connelly_split_056.htm
Michael Connelly_split_057.htm
Michael Connelly_split_058.htm
Michael Connelly_split_059.htm
Michael Connelly_split_060.htm
Michael Connelly_split_061.htm
Michael Connelly_split_062.htm
Michael Connelly_split_063.htm
Michael Connelly_split_064.htm
Michael Connelly_split_065.htm
Michael Connelly_split_066.htm